Amerrissage #14 Dernière tétée

Juillet 2023

Je repense souvent à cette tétée. Une des dernières. Je couchais Noam qui avait du mal à s’endormir, j’étais seins nus, j’avais arrêté de lui proposer le sein car cela semblait l’agacer. Je l’ai pris contre moi pour le bercer, et lui qui n’avait jamais vraiment accepté le sein sans bout de sein s’est mis à téter, mon sein nu, mon sein sans bout de sein. Ça a duré comme ça plusieurs minutes que j’ai passé sans bouger, savourant un moment aussi doux qu’inattendu. C’est comme si Noam avait pansé une blessure, comme si quelque part il me disait qu’on aurait pu faire autrement, que lui et moi on savait faire autrement qu’avec ce fichu bout de sein mais qu’on a choisi une autre manière, parce qu’ainsi va la vie.

Noam a pansé une blessure en me montrant que c’était possible et il l’a fait à un moment où j’en avais besoin. Besoin parce que l’allaitement était en train d’arriver à son terme et que ce n’était pas à 100% par choix de ma part.

J’ai décidé d'intégrer le biberon car Noam ne prenait plus de poids, que je ne supportais plus la pression qui pesait sur mes épaules pour cette prise de poids, que je ne voulais plus que toute la pression à ce sujet là repose uniquement sur moi. J’ai décidé d’arrêter car j’y passais l’intégralité de mes journées et qu’au final Noam ne grossissait pas (quand je vois les quantités qu’il mange maintenant, je comprends mieux le problème). 

Mais je n’ai pas arrêté car l’allaitement était en soit une charge que je ne voulais plus supporter, que je n’aimais pas ça. Si tout avait roulé, je pense que j’allaiterai encore. Je regarde avec envie ces mamans qui allaitent des bébés plus grands que le mien, j’ai un petit pincement au cœur en me disant qu’on aurait pu être à leur place.

Alors Noam qui se met à téter sans téterelle, sans que je m’y attende, c’est un pansement à mon cœur, comme s’il me disait “on savait faire mais on à décidé de faire autrement maman, parce que c’était mieux pour nous”.