Un mois.

 
 
Un mois sans toi. C’est quoi un mois ? C’est rien, c’est tout, c’est mille ans en une seconde, des minutes qui durent éternellement.
 
Je ne vais pas te mentir, je n’y crois toujours pas. Un monde sans toi est inconcevable, ton rire ne peut pas s’être éteint, ton amour est forcément quelque part.
 
Le temps est lent et lourd, rugueux et encombrant. Je me sens comme prisonnière des aiguilles. Je voudrais exploser, pleurer toutes les larmes de mon corps, voir enfin le ballon de larme qui loge au creux de ma poitrine se déverser. Mais comment pleurer une mort à laquelle on ne croit pas ? Tu prenais bien trop de place pour qu’elle soit vide, c’est impossible, inconcevable. Je ne supporte plus les réaction des gens quand je leur annonce que je t’ai perdu. Je ne veux plus les entendre me raconter leurs propres deuils et les leçons qu’ils en ont tiré. Qu’est-ce qu’ils en savent hein ? Qu’est-ce qu’ils savent de ma peine ? Qu’est-ce qu’ils savent du lien qui a été rompu ? Qu’est-ce qu’ils connaissent des réveils qui me font souffrir et de la léthargie qui m’habite ? Que savent-ils de toi, de ton amour, de nous, de notre complicité ?
 
Je ne sais plus rire comme avant, je ne sais plus ce que c’est que d’avoir le cœur léger, je ne sais plus écouter. Tout est encombré de ton absence, même au-dessus des meilleurs moments l’absence de ton ombre se fait remarquer.
 
Je vais profiter Papy, comme tu me l’as toujours conseillé.
 
« T’as raison ma chérie, profite »
 
Personne ne m’a jamais autant loué l’amour de la vie que toi. C’est dans ta bouche que j’ai entendu comme les roses étaient belles et qu’il fallait les contempler chaque fois comme si c’était la première fois. C’est toi que j’ai admiré lorsque tu t’agaçais des vieux cons se plaignant de la jeunesse qui ne serait plus aussi bien qu’avant. C’est toi que j’ai observé rire, manger, boire, plaisanter, gueuler, embrasser, éructer, exploser, rire encore, raconter, aimer, s’amuser, provoquer, s’agacer, rire toujours, jurer, aimer, gueuler, rire, aimer, gueuler, rire, aimer, gueuler, rire…
 
Tu as été le meilleur ambassadeur de l’amour de la vie qui soit. C’est grâce à toi qu’aujourd’hui, même si j’ai des courbatures partout à l’âme, des bleus au cœur et des plaies aux entrailles, je sais que la vie m’attend qu’elle sera belle et qu’elle reprendra ses droits tranquillement. Grâce à toi, je sais qu’un jour tout ira mieux.
 
Il sont rares les gens comme toi qui consolent encore ceux qu’ils ont aimé même après leur départ.
 
Je t'aime Papy.

 
Photo by Aron Visuals on Unsplash

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