Inconstance - #Vulnérabilité

Photo by Saad Chaudhry on Unsplash


Tout ça est difficile. Je pleure. J’ai pleuré.
 
J’ai revu ma famille la semaine dernière et je pleure de ne pas savoir quand je les reverrai de nouveau.
J’avais des projets, de voyages, d’amour. J’avais des projets tout plein et depuis mars, j’ai du mal à les garder. Je ne me projette plus, je crois que c’est le plus difficile. Je voudrais être en train de me dire « profite de tout ça pour prendre du temps sur les projets que tu repousses sans cesse, ceux que tu te plains constamment de ne pas avoir le temps de réaliser ». Mais je n’y arrive pas, parce que j’ai peur.
J’ai peur de perdre des gens que j’aime, à cause du virus ou à cause de la vie qui suit son cours. J’ai peur de ne pas pouvoir profiter de la présence des gens.
 
J’ai peur que l’économie s’écroule, de voir les gens s’appauvrir plus encore. J’ai peur de l’augmentation des prix, de ne plus pouvoir avoir accès aux petits luxes que me permet aujourd’hui mon salaire. J’ai peur.
 
J’ai peur pour ma santé mentale, j’ai peur de finir par lâcher prise, parce que je sens que la force de garder le cap s’amenuise. Jusqu’ici je me suis rattachée à l’espoir que donne l’horizon quand on observe la mer. Mais à ma fenêtre je ne vois plus qu’un mur de pierre et ça n’est plus suffisant pour rêver que demain tout ira mieux.
 
J’ai peur pour les enfants, les enfants que j’aime tant. Parce qu’ils sont l’incarnation de l’avenir. Parce qu’ils ont toujours cette capacité à imaginer spontanément et simplement des solutions intelligentes à tout, parce qu’ils s’adaptent à tout et nous donnent une bonne raison de les suivre. J’ai peur de ce qu’on leur offre.
 
J’ai peur et malgré tout, je sais que je trouverai l’énergie quelque part pour continuer à espérer. Car la vie est inconstante. Inconstante dans les joies, inconstante dans les drames. Même une pandémie mondiale ne peut pas la rendre stable. Il y aura une porte de sortie, on ne sait pas à quoi elle ressemble, on ne sait pas quand on la trouvera, mais elle est là.
 
Je sais que c’est pour ça qu’il m’est presque impossible de concentrer mon attention plus de quelques minutes sur quoi que ce soit, mon esprit cherche des issus, de quoi se tenir, une lumière. Il trouvera, il a toujours trouvé. Mais c’est long et épuisant.
 
Prenez soin de vous, avant tout. Soyez indulgents, soyez votre meilleure amie. Et que fait une meilleure amie lorsqu’on se sent si triste ? Elle vous tend un mouchoir, vous écoute, vous apporte des cookies au chocolat et vous prend dans ses bras en attendant que ça aille mieux.
 
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Je viens de retrouver ce texte dans les brouillons de mes mails. Je ne sais pas exactement quand il a été écrit, je n'en ai aucun souvenir, je pense que cela date de l'annonce du second confinement.
En le trouvant, il m'a un peu chamboulé car mes états de profonde tristesse sont intenses mais passent et je finis par oublier que j'ai été si triste. Je ne me souviens pas l'avoir écrit mais je me rappelle avoir ressenti tout ce que je décris là.
J'étais mal, et je vais mieux. J'étais mal, mais je savais que ça finirait par aller. Tout ça pour dire : si tu te sens comme dans un gouffre recouvert de brouillard, c'est normal de te sentir mal, mais ça ira mieux, la vie est inconstante, dans le meilleur comme dans le pire. Ça ira mieux, n'hésite pas à demander de l'aide. 
 
J'ai tout gardé tel qu'écrit initialement, j'avais envie de changer des choses, mais je crois que c'est mieux d'accepter les choses telles qu'elles ont été. 

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