"Les mots voyagent et quand ils sont de retour, on ne le comprend plus." (Philippe Lechermeier)

Dimanche soir. Février 2017.

Pas de musique. Le seul bruit ici c'est le vent qui caresse les feuilles. Surement pour les faire tomber, peut-être pour les flatter. Mon bureau, mon ordinateur et le silence. J'ai envie d'écrire. Non. J'aimerai en avoir envie. Mon esprit me dit que j'en ai besoin, mais l'inspiration n'est pas là. Je tente quand même, on verra bien.

Qu'est-ce que j'ai tant besoin de dire à la feuille blanche? Qu'est-ce qui me pousse à me mettre devant mon clavier alors que je n'ai pas d'inspiration précise, alors que je ne fais jamais ça. Me lever dans la nuit pour écrire quelque chose qui me trotte en tête, c'est bien moi. Me poser devant l'ordinateur sans rien d'autre au bout des doigts que la sensation que c'est ça qu'il me faut, je ne connaissais pas.

Alors sur quoi écrire? Peut-être sur cette énigme que la vie met une fois de plus devant moi, certainement dans le but que j'apprenne quelque chose d'important. Je vais laisser ça au temps, il est mon meilleur allié pour faire pousser les graines qui sont semées sur mon chemin. Celle-ci donnera une belle fleur dans tous les cas, je n'en doute pas.

Je pourrais parler d'amour, cet amour que j'aime, cet amour qui est mon plus précieux amant. C'est tellement beau d'aimer... si beau que je suis tombée amoureuse de l'amour lui-même. L'amour c'est des papillons dans le ventre, des fourmis dans les mains, le cœur qui se serre, les veines qui palpitent. L'amour c'est l'abandon de son esprit et de son corps, c'est les secondes en suspens, les minutes qui défilent. L'amour c'est aussi du chagrin, lorsqu'il prend ses valises et part t'inventer de nouvelles aventures. Le plus beau chagrin du monde. Celui dans lequel tu t'enroules en te berçant de l'illusion que tu n'aimeras plus jamais, que les roses ne sentent plus rien et que le soleil brille moins. L'amour c'est se remettre de son chagrin, à chaque fois, voir naître un nouveau printemps, apprécier de nouvelles odeurs, sourire à de nouveaux yeux.

L'amour ça fait rire, pleurer, frissonner, gémir. L'amour laisse surtout de beaux souvenirs et la merveilleuse sensation d'avoir vécu.

Je n'écrirais jamais trop sur l'amour, personne ne le fera. Des siècles de papiers imprégnés de mots d'amour n'ont pas su nous en dégouter. Nous sommes condamnés à aimer et quelle jolie peine !

Je pourrais écrire sur ceux que j'ai perdu, sur les peines, sur les joies. Je pourrais écrire l'incertitude et l'espoir qui animent nos vies. Je pourrais parler de la résilience, cette formidable amie qui nous sort des épreuves les plus difficiles. Je pourrais vous dire à quel point il fut dur de surmonter certains maux, à quel point il est compliqué d'accepter la personne que l'on est avec les failles qu'on voudrait ne pas avoir et ces forces qu'on ne voit pas toujours...

Je voudrais vous dire comme j'aime les gens, comme les plus mauvais d'entre nous n'ont jamais réussi à m'en dégouter, comme le pire des uns, fait naître le meilleur des autres. Je voudrais nous soigner, apaiser des peines, exalter des joies. Malheureusement, mes mots ne suffiront pas.

J'ai envie de vivre. Je veux collectionner les souvenirs, les rires partagés, les larmes, les sourires au coin des lèvres. Je veux un jour regarder en arrière et me dire : "Quelle belle collection ! Que d'émotions ! Que de joies et de peines ! Une vie bien remplie, une vie où il y a de tout, une vie où l'on ne s'est pas ennuyé... Une vie réussie !"

Ce soir j'avais envie d'écrire sans ne rien dire. Coucher des mots pour les sortir de mon esprit dans lequel ils s'ennuyaient tellement.