Mexico, te extraño !

Le voyage touche à sa fin... je ressens un peu de tristesse, mais quelle aventure ! J'ai tant appris, tant grandit, tant reçu... 
J'ai appris à faire des câlins à des quasi inconnus, parce que c'est comme ça qu'on se dit bonjour ici... et contre toute attente j'ai adoré ça ! J'ai appris la patience, j'ai appris à m'accommoder du désordre et à l'apprécier. J'ai appris à ne pas regarder l'heure, à ne pas penser à demain, à vivre l'instant pour ce qu'il est et non pour ce qu'il pourrait être, devrait être ou sera plus tard. J'ai appris à recoudre une valise présentant les premiers signes de fatigue. J'ai appris quelques mots d'espagnol, j'ai appris à me faire comprendre par ceux dont je ne parle pas la langue. J'ai appris à négocier les prix. J'ai appris la différence, j'ai appris à l'aimer. J'ai appris à sourire à ceux dont la misère me donnait envie de pleurer. 
Mais s'il y a une chose que j'ai apprise ici, c'est bien la chance que j'ai. La chance que j'ai d'être née en France, la chance que j'ai d'avoir les moyens et l'opportunité de voyager. Et j'ai appris l'humilité. Car cette chance je ne l'ai pas mérité. Je ne mérite, ni plus, ni moins, d'avoir eu accès à l'éducation, aux soins, à l'eau potable. Je n'ai rien fait de plus que ces gosses qui traînent dans les rues ici pour avoir eu le droit aux vacances et aux excursions scolaires. De la chance, c'est tout ce que j'ai de plus. Ça ne semble pas grand chose et pourtant, deux mondes existent, celui de ceux qui ont la chance d'être nés au bon endroit et celui de ceux qui ne l'ont pas eu. 
Je dis souvent mon amour de la vie, de la savourer. C'est tellement facile à dire quand on n'a jamais connu la misère. Facile à dire et pourtant... en France, nous cultivons l'amour du mécontentement. Rien n'est jamais assez bien, tout est sujet à complainte. Nous sommes pourtant si chanceux... À l'autre bout du monde, des gens vivent dans une pauvreté accablante et affichent tout de même un grand sourire, chaque jour que Dieu leur offre. Personne ne se plaint. Jamais je n'ai eu à subir la mauvaise humeur d'un vendeur, d'un serveur ou d'un employé d'hostal. Chaque fois le sourire est de mise, chaque fois on vous remercie, chaque fois on partage avec vous.
Alors j'ai appris à rester humble, du haut de mon petit confort que je retrouverais dès que je poserai le pied en France. Rester humble et reconnaissante, car la vie m'a beaucoup offert, je lui dois tant. Garder les pieds sur terre sans perdre l'espoir, car s'il y a bien quelque chose qui anime le peuple mexicain, c'est bien l'espoir, sinon à quoi bon se battre si fort et si dignement? 



Depuis plus de trois semaines et pour la première fois de ma vie, j'ai appris ce que c'était de se sentir vraiment libre. Libre d'aller où je veux, de rester autant que je veux, de faire ce dont j'ai envie, au moment exact où j'en ai envie. Car ce que j'ai appris ici, c'est que nous sommes nos propres geôliers. Libre à nous d'ouvrir les portes que nous nous fermons, de dépasser les limites que nous nous mettons, d'envoyer valser les interdits que nous avons construit et de profiter pleinement de notre court passage sur terre. 

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