Voyage en solitaire : les motivations.

Teotihuacan - Mexico 2017
 Je pense que ce type d'article existe déjà en 1000 versions et je vous invite à en lire d'autres, parce que chaque expérience est unique et qu'il s'agit de puiser à droite et à gauche pour concevoir sa propre version du voyage en solitaire. Je vais essayer ici de vous parler de mes motivations pour voyager seule et de l'organisation que j'adopte. Il y aura plusieurs articles au sujet du voyage solo et je commence par le début : ce qui est à l'origine d'un départ seule.

Mon expérience est personnelle et je n'ai pas parcouru le monde en solitaire. Mais j'ai envie de vous montrer qu'il n'est pas nécessaire d'être Lara Croft pour se lancer dans cette aventure !

Pour commencer, j'ai fait deux voyages seule : la Turquie en 2012 et le Mexique en 2017. Ces deux fois j'avais sur place une personne que je connaissais et j'ai d'ailleurs commencé ces deux séjours en allant à leur rencontre. Ce qui est plutôt rassurant d'ailleurs et qui m'a permis de me lancer dans l'aventure deux fois. Je pense que je n'aurai pas tenté l'expérience de but en blanc, sans apprivoiser d'abord le pays avec des connaissances qui le maîtrisent et sans avoir une personne de confiance sur place.

Faites vous confiance

Mon premier conseil et celui qui est le plus important à mes yeux sera celui-ci : faites vous confiance et cherchez la limite entre ce qui est de la peur excitante et ce qui est de la peur paralysante. Il n'est ni intéressant ni recommandé de se lancer dans quelque chose qui a de trop fortes chances d'être mal vécu. Parfois on a envie de choses pour lesquelles on n'est pas encore prêt alors il faut trouver des étapes. Pour moi, ça a été de passer par un sas connu, pour vous c'est peut être de partir avec un organisme, ou alors vous vous sentez de vous lancer directement dans l'aventure solo sans filet particulier. Il n'y a pas de meilleure façon de voyager seule ni de meilleure façon de commencer. Le principal est de vivre les choses avec plaisir.
Il ne s'agit toutefois pas (à mon sens) de ne rien faire qui nous fasse peur. Parce que sinon on resterait facilement chez soi, là où tout (ou presque) est maîtrisé. 

Je pleure toujours dans les aéroports

Je n'ai pas peur de partir seule quand on est 3 mois 3 semaines ou 3 jours avant, mais dans tout voyage je pleure deux fois : lorsque je suis à l'aéroport et que j'attends l'avion à l'aller comme au retour. 
A l'aller parce que j'ai l'impression d'avoir fait la plus grosse connerie de ma vie en prenant un billet pour partir seule, au retour parce que je prends conscience que c'était la meilleure chose à faire pour me retrouver. 
Donc oui j'ai peur, oui ça me fait peur de partir seule mais je sais que cette peur est positive et saura se taire dès lors que j'aurai compris l'environnement dans lequel je suis.
Il est normal d'avoir peur, sortir de sa zone de confort ce n'est ni naturel ni facile, mais c'est très souvent bénéfique. Il s'agit donc pour vous de trouver la manière qui vous correspond pour le faire, et si le voyage solo vous tente cherchez l'étape qui vous semble plus réalisable qu'effrayante.

S'enrichir

Partir seule c'est quelque chose d'extrêmement enrichissant. Pour ma part je ne connais aucune expérience similaire en terme d'apprentissage. Il y a évidemment la découverte d'un nouveau pays, d'une nouvelle culture, il y a aussi la rencontre de nouvelles personnes mais c'est aussi un moyen extraordinairement efficace pour apprendre à se connaitre, à se faire confiance. Déjà parce qu'il y a des moments où l'on est vraiment seule et on l'on a donc qu'à se préoccuper de soi, de ce qu'on veut et de ce qu'on aime. Mais aussi pour toutes les situations où il faut puiser en soi les ressources. Parce que le voyage c'est souvent des imprévus qu'il faut gérer : un bus annulé, être perdu dans les rues d'une ville qu'on ne connait pas sans accès internet (gros défi pour moi qui suis addicte à mon accès internet et nulle en orientation), un plan qui tombe à l'eau au dernier moment,... J'ai eu a gérer (avec succès) des situations que je ne pensais pas être capable de gérer. Alors, en plus d'être un booster de confiance c'est aussi l'occasion de revoir les limites qu'on s'était soi-même fixées.

Ce qui est magique aussi c'est qu'on se découvre des compétences qu'on ne se connaissait pas. J'étais persuadée de ne pas savoir m'orienter seule dans un endroit inconnu, je passais ma vie à me perdre (même parfois dans ma ville natale). Quand je suis partie en Turquie j'ai été obligée de me débrouiller avec un plan incomplet et sans téléphone. A ma grande surprise je ne me suis quasiment jamais perdue et lorsque ça a été le cas je me suis vite retrouvée. C'est à ce moment là que je me suis rendue compte que j'avais tellement intégré que je ne savais pas m'orienter que je ne faisais aucun effort au quotidien pour me situer dans un lieu. 
Je vous déconseille toutefois de me choisir comme partenaire pour une course d'orientation, mais je sais que je n'ai plus à avoir peur de me perdre et que si je suis attentive à ce que je fais, je finis par me retrouver. C'est vrai, parfois je prends des chemins alambiqués mais on voyage bien pour voir du pays non ?!? ;) 

Faire des rencontres

Le voyage solitaire c'est aussi l'occasion de rencontrer des gens qu'on ne rencontrerait pas (ou beaucoup moins) si on voyageait avec d'autres personnes. L'être humain est un animal social et il ne m'a pas fallu longtemps à voyager seule pour l'expérimenter de manière tangible. Il est difficile de passer plusieurs jours d'affilé sans avoir de vrais échange avec des gens, de vraies conversations. Quand on voyage à deux ou plus, cela ne pose pas problème et parfois même c'est trop d’interactions sociales en peu de temps (je reviendrais là dessus également). Quand on est seule, le manque se fait sentir assez rapidement (pour ma part en tous cas) et pousse à aller à la rencontre de nouvelles personnes. Je ne suis pas d'un naturel à m'intégrer facilement dans un groupe dans lequel je ne connais personne, je ne vais pas facilement aller discuter avec des inconnus, j'ai toujours peur de déranger et ça me fait parfois rater de belles occasions de partage. Le voyage solo ne me transforme pas radicalement sur ce point, mais il me pousse à faire plus d'efforts. Bien entendu, ça ne devient pas facile pour moi et je ne me transforme pas instantanément en fédératrice de grandes fêtes interminables. Seulement quand j'hésite je me rappelle plus facilement que je vais regretter de ne pas avoir essayé de parler à telle ou telle personne et j'en ai d'autant plus envie que si je ne le fais pas l’interaction sociale va me manquer. Si je voyage avec quelqu'un, je vais plus rapidement laisser tomber ou mettre fin à un interaction sans chercher à creuser. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose mais j'aime découvrir de moi que je suis capable de le faire, je m'en sers ensuite au besoin quand je suis de retour chez moi.

La liberté 

Voyager seule c'est également le contraire de voyager à plusieurs (j'espère que je ne vous retourne pas trop le cerveau avec cette révélation ahurissante). 
Plus sérieusement, en voyage quand on est 2 ou plus, on est souvent très proches durant tout le séjour : on dort à proximité, on fait les mêmes activités, on mange ensemble,... C'est un merveilleux facteur de rapprochement et de partage. On créé des souvenirs communs, des liens particuliers et je pense que c'est une manière enrichissante de partager et de nourrir une relation. Mais cette proximité a un revers qui est une indépendance limitée. A moins d'être un tyran ou de tout faire seul (ce qui limite grandement l'intérêt du voyage en groupe) on ne peut pas faire tout ce qu'on veut, quand on veut et on doit faire des concessions. Ce n'est pas un mal en soi et je ne pense pas que voyager à plusieurs est plus ou moins bien que voyager seule, c'est totalement différent. Seulement, l'un des avantages à voyager seule c'est l'indépendance totale et la liberté qu'on a sur tout ce que l'on fait. On peut rencontrer des gens à un endroit et décider de faire des excursions avec eux, puis les laisser pour faire quelque chose qui nous donne plus envie. Parfois on les retrouve plus loin sur le chemin et c'est vraiment un chouette moment !
Bref, à mon sens, l'avantage du voyage seule c'est de pouvoir choisir quand on est seul ou non, et de ne pas avoir à faire de concessions. Je passe énormément de temps dans mon quotidien à m'adapter aux besoins d'autres personnes. Quand je suis dans un groupe il est très rare que j'impose mes besoins, je suis le mouvement pour les choix de repas ou d'activité parce que mon plaisir c'est plus le partage du moment que la manières dont on l'occupe, parce que je n'aime pas qu'on traine des plombes à hésiter et que donc je ne veux pas rajouter des exigences à celles déjà en place et parce que je pallies quelques peur irrationnelles de cette façon. Même lorsqu'on ne me demande rien j'ai tendance à essayer d'anticiper les besoins des autres (en me plantant surement parfois mais il n'empêche que cela nécessite un perpétuel contrôle de soi, de son environnement,...). Ce qui fait qu'une pause à ce niveau là est ressourçante. 
Lorsque je suis seule, que mon seul programme c'est de faire ce qui me donne envie cela me permet de me recentrer sur mes véritables besoins. C'est aussi quelque chose que j'essaye de réutiliser une fois de retour, m'accorder des soupapes dans lesquelles je me laisse le droit de me sentir libre de faire exactement ce dont j'ai envie. J'apprends aussi doucement à formuler mes envies aux autres, ça n'est pas toujours fait de manières très adroite mais peu importe. C'est aussi ça que le voyage m'apporte, identifier ce sur quoi je dois travailler pour m'améliorer dans la vie de tous les jours et me rendre plus heureuse.

Retrouver l'essentiel

Le dernier point que j'évoquerai ici concernant les motivations d'un voyage seul rejoint le précédent. Quand on est seule, on se recentre sur l'essentiel, ça se manifeste par le fait qu'on est plus attentif à ses envies mais aussi qu'on identifie mieux ses besoins. Quand on est seul, loin de sa zone de confort, on apprend à identifier ce qui, au quotidien, est vraiment important pour nous parce que ce sont les choses qui nous manquent réellement. C'est comme ça que je prends la mesure de l'amour que je porte à mes proches par exemple. Même si j'en ai conscience en permanence, quand les gens qui vous entourent sont TOUS loin, qu'il n'y a ni famille ni ami aux alentours, on prend conscience de manière tangible de l'importance de chacun dans sa vie. C'est extrêmement riche comme sensation et je trouve cela important d'avoir l'occasion de prendre la mesure de la valeur des autres dans sa vie.
De façon plus triviale, quand on laisse un peu de son confort et de son intimité, on mesure également les éléments dont on a vraiment besoin et ceux qui ont moins d'importance. Par exemple ma penderie pleine de vêtements ne m'a jamais manqué lorsque je suis partie, pas plus que mon placard à gâteaux, ma collection de chaussures ou de ne manquer aucune story sur Instagram. Par contre ma douche personnelle dans laquelle je peux passer 1H à me chouchouter, mon lit dans une chambre individuelle et le pain croustillant me manque chaque fois terriblement...

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