Amerrissage #2 Parler de ses enfants

Février 2023

Régulièrement on voit passer des publications à vocation humoristiques qui taclent les femmes qui, devenues mères, ne parlent plus que de leurs enfants. Elles seraient inintéressantes avec leurs histoires de layettes. N’ont-elles rien de mieux à dire que ça ? Ne peuvent-elles pas parler d’autre chose que de leurs enfants ?

J’ai toujours trouvé ça exécrable d’interdire aux femmes de parler de leurs expériences. Les règles c’est sales, les enfants c’est chiant, le maquillage c’est futile. On cantonne les femmes à des sujets bien définis puis on les ridiculise, ou on les rend sales pour qu’elles se taisent.

Alors on attend des femmes qu’elles aient des enfants mais surtout qu’elle n’en parlent pas, qu’elles trouvent des sujets plus nobles et plus dignes d’être évoqués. Des sujets pour lesquels des hommes les couperont se targuant d’être plus spécialistes qu’elles.

Si beaucoup de mères ne parlent plus que de leur maternité, c’est que la maternité transforme. Elle opère un changement d’ADN. Devenir mère c’est sentir en soi une force qu’on ne soupçonnait pas et découvrir des failles ignorées jusqu’ici.

Mais aussi, si on parle tant de ses enfants lorsqu’on devient mère, c’est parce qu’on n’offre aucun soutien aux mères. Que très vite on ne devient que ça car personne ne nous relaie pour qu’on soit autre chose. Lorsqu’on n’a pas la chance d’avoir un entourage présent, avoir du relai est cher et difficile à trouver.

Et puis parfois je me demande si dévaloriser un sujet dans lequel les expertes sont très majoritairement des femmes, ça n'est pas une façon d’éviter de trop visibiliser l’incompétence des hommes en la matière. 

Parce que ok, on peut ne pas être intéressé par les enfants ou la parentalité. Mais on est combien à n’en avoir rien à foutre des discussions sur le foot ou les voitures et pour autant je ne vois pas en permanence des memes, des sketch ou des publications humoristiques pour dire à quel point les gens qui passent leur temps à en parler sont chiants et sans intérêt.

Mais apparemment ça demande une expertise très pointue de débattre autour d’une bière pour déterminer si le sélectionneur de l’équipe de France aurait dû ou non recruter Jean-Michel football comme attaquant.

Alors qu’évidemment élever un être humain c’est vraiment un truc qui se fait en dilettante.