Amerrissage #11 La fin du sein?


Mai 2023


Aujourd’hui tout est difficile.


La fatigue est intense et la lassitude prend le dessus. En ce moment j’ai du mal à sortir de chez moi. La préparation que ça demande me paraît trop grande et je préfère ne pas sortir, même si j’en ai envie, besoin.

Et puis, je me demande si c’est la fin de l’allaitement. La semaine dernière Noam n’avait encore une fois pas assez pris de poids. Nous devons retourner le peser la semaine prochaine. Je me fatigue à le stimuler de longues minutes à chaque tétées.


Cette nuit il s’est beaucoup réveillé et ce matin il fallait que je me lève pour le nourrir. Car c’est ça l’allaitement, être indispensable. Même lorsque, comme aujourd’hui, on se sent au fond du gouffre et qu’on a à peine la force pour soi. Je n’ai pas envie que ça s’arrête car j’aime tant ces câlins là, parce que ce sera la fin de quelque chose de si tendre et que je ne me sens pas prête pour ça. Et en même temps, je ne me sens plus les épaules d’assumer entièrement les repas de mon enfant. Je suis perdue. J’ai dit à F. que peut-être nous devrions commencer à faire du mixte pour que je puisse dormir un peu plus. J’ai dit peut-être, j’ai dit “après la pesée de la semaine prochaine”. Je laisse un peu de temps pour voir si c’est passager ou non. Je sais que faire du mixte ne veut pas dire ne plus allaiter, pourtant j’ai le sentiment que c’est entamer une fin. Y penser est autant un soulagement qu’une souffrance. J’aimerai continuer à lui donner mon sein mais je n’ai plus envie d’être la seule à le nourrir.


Si je veux attendre aussi, c’est parce qu’au fond de moi j’espère qu’il aura pris du poids, que je sache que ce n’est pas à cause de moi, que si ça doit se terminer, ce ne soit pas par défaut mais par choix.


Je trouve que l’allaitement est un chemin de solitude dans lequel on ne trouve que peu de soutien en dehors d’extrêmes qui sont prêts à tout pour que tu continues jusqu’à l’épuisement. J’aimerai trouver des discours plus nuancés, de belles histoires d’allaitement mixte. J’aimerai lire autre chose sur le bout de sein qu’on se trimbale depuis le début Noam et moi que “les techniques pour s’en séparer”. Parce que nous ne nous en séparerons pas. C’est la seule certitude que j’ai vis-à-vis de cet allaitement. On a essayé, pendant de longues heures, des jours et des semaines interminables. Noam a montré qu’il savait faire sans mais aussi qu’il ne souhaitait pas faire sans. Je ne ferai plus crier mon enfant pour retirer ce truc dont personne ne sait me dire réellement en quoi il pose problème. 

Commentaires

Articles les plus consultés