Alep meurt dans le silence.

Je suis en train de lire des témoignages d'Alep ces dernières heures. Les gens se font massacrer encore plus violemment qu'ils ne l'ont été jusqu'alors (ce que je pensais impossible). Ismaël (celui de quotidien) parle de massacres de civils à l'arme blanche par l'armée d'El-Assad. D'autres évoquent des parents qui mettraient fin aux jours de leurs enfants pour les épargner du pire.

Je ne sais pas ce qui se passe réellement à Alep-Est ce soir, mais une chose est sûre, des innocents sont en train de se faire trucider. Je me sens comme le soir du 13 novembre : terrifiée et impuissante. Sauf qu'à Alep la tuerie ne cessera pas. Et El-Assad sera bientôt à la tête d'un cimetière géant.

À vous mes frères et sœurs de Syrie, je ne peux que vous demander pardon, nous ne sommes pas à la hauteur de votre désespoir. Je prie pour vous ce soir.

La mort est tweetée en live. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. On savait et on aura rien fait. J'ai honte de ce monde qui laisse crever des innocents. J'ai honte que des personnes soutenant ce massacre innommable puisse remporter des élections en France. J'ai honte. Votre silence m'étouffe. De gens se font égorger à l'instant où j'écris. Nous savions tous que ça finirait ainsi. Mais je ne vois nul part de drapeau Syrien, aucun "Je suis Alep", pas un mot pour ces enfants qui n'auront jamais de futur, puisqu'après avoir bafoué l'exercice du droit d'asile, nous les avons regardé mourir patiemment.

J'ai parfois l'impression que le monde va mal, et pas uniquement en raison de l'incapacité du personnel politique. Ce monde manque cruellement d'empathie et d'indignation. 

Mais INDIGNEZ-VOUS bordel !!!!!

J'ai écrit ces deux textes cette nuit. Je me sens impuissante et en colère. L'Histoire jugera, j'espère que le tribunal international de La Haye aussi.