Les hommes sont souvent décevants... et je crois que j'aime être souvent déçue.

J'aime les hommes. Passionnément, tendrement, intensément. J'aime presque tout chez eux. Même leur façon de me décevoir, leur manière de ne pas toujours être à la hauteur. C'est attendrissant un homme qui n'a pas le courage qu'on attend de lui, c'est doux, c'est rassurant.
On espère toujours beaucoup des hommes. Quand je dis "on", je parle de la société en général. On leur demande d'être forts, drôles, intelligents. On leur demande d'avoir de l'argent pour offrir un verre ou un restaurant à leur prétendante. On leur demande de ne pas pleurer, sauf si c'est très grave. D'être à l'aise en société et sûrs d'eux. On leur demande de faire attention à leur apparence sans s’efféminer, de se battre entre eux pour les femmes, d'être tendre et macho à la fois. C'est difficile d'être un homme... 
Aujourd'hui, on leur demande de rester tout ça, mais aussi d'être plus présent à la maison, d'aider leur femme tout en restant un peu macho quand même, mais pas trop, mais un peu quand même...
Oui c'est difficile d'être un homme. Pas de la même manière que d'être une femme, bien sûr... mais ça reste quand même un sacré casse tête de répondre à toutes les attentes de la société, d'être barbu mais pas trop poilu, dur mais pas violent, ténébreux mais communiquant.

Alors je me prends à aimer leurs faiblesses... bien sûr que ça m'énerve ces hommes qui se murent dans un silence peu vaillant, qui désertent les problèmes plutôt que de les affronter. Oui ça m'agace et je les injurie tendrement. Et puis il y a ceux qui n'osent jamais, qui me regardent avec de grands yeux, sourient du coin des lèvres, me voient leur rendre leur sourire, m'écoutent semer des graines pour leur dire "moi aussi j'en ai envie", mais qui ne se risquent pas à me voler un baiser... Ça m'irrite et pourtant je ressens une certaine tendresse à les voir. Parce qu'ils sont humains, ils ne peuvent pas être tout ce qu'on leur demande d'être. Ils ne peuvent pas être tout le temps courageux, ils ne peuvent pas être obligé de toujours avoir à faire le premier pas. C'est touchant un homme qui trébuche. Non pas parce-que ce serait drôle, ni parce que ça dévoilerait "leur part de féminité". Juste parce que ça me rappelle que je suis comme eux. Moi aussi je suis un peu lâche parfois, moi aussi j'ai du mal à annoncer une rupture, moi aussi j'ai déjà arrêté de répondre parce que je n'avais pas le courage de dire les choses, moi aussi j'ai peur d'être à l'initiative du premier baiser.

C'est rassurant quand un homme n'est pas un parfait Gentleman, parce que je ne suis pas une parfaite Lady. 

Si j'écris tout ça, c'est à cause de ce garçon. On ne s'est jamais embrassé, on ne s'embrassera jamais. On s'est croisés lors d'une soirée, on a rit ensemble, je lui ai payé une bière, il m'a offert des clopes. Il a mis sa main sur ma taille plusieurs fois quand il se rapprochait de moi pour me parler. Il m'a sourit, il a fait de timides allusions pour me dire que je lui plaisais sûrement un peu. Je me suis collée à lui sur la banquette du bar, je l'ai regardé droit dans les yeux un sourire en coin, j'ai lancé des petites phrases pour lui montrer qu'il me plaisait. 
On se plaisait tous les deux, mais on était trop timides. On a chacun attendu que l'autre fasse le premier pas, et personne ne l'a fait. On s'est quittés comme ça, un peu penauds, un peu idiots... 
Si on a raté le coche, c'est parce qu'on avait tous les deux la même faiblesse : on a manqué de courage, le courage de faire un petit pas en avant pour trébucher sur les lèvres de l'autre.

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