Le 31 août 2018 - Coucher de soleil

J’ai payé un extra pour être côté hublot. Pour le confort oui, mais surtout pour pouvoir régulièrement voir des endroits de la terre que je ne connais pas encore. Ça m’a évité de maudire ceux qui avaient le hublot et qui ne regardent pas ce qu’il se passe dehors. J’ai coupé mon film 5? 10? 15 fois? Simplement pour regarder sur le navigateur aérien quel endroit nous survolions et voir à quoi ça ressemblait, vu du ciel.
Je voulais pouvoir imaginer les personnes qui vivent juste en dessous de l’oiseau de fer. Je vous avais dit que j’aimais les points de vue parce qu’ils donnent une perspective unique sur le monde, qu’on le domine humblement. Parce qu’on prend conscience que si haut qu’on soit, nous ne sommes qu’un petit point sur le tableau. Rien de plus qu’un tout petit point.

J’ai survolé des pays en guerre cette nuit, les pays de naissance de ceux dont on refoule les bateaux. Ces pays dont on préfère les dirigeants tortionnaires, dictateurs, assassins, au peuple. Alors cette fois-ci, lorsque j’ai imaginé ce qu’il pouvait bien se passer au dessous du ciel dans lequel nous naviguions, j’ai pleuré un peu. J’ai pensé aux enfants que l’on prive de cette précieuse et malicieuse innocence par la violence. A ceux dont on fait des soldats, à ceux qu’on tue, à ceux qui n’ont d’autre préoccupation que de trouver, pour eux et leurs proches, de quoi se sustenter.

J’ai pensé à tout ça et j’ai pleuré un peu. J’ai pensé à tout ces gens en regardant les fabuleux paysages d’un ciel qui rosit, puis devant les lumières d’une ville dans la nuit. Alors je me suis dit que le monde avait ceci de terrible que sa splendeur était à la hauteur de sa violence.

C’était un coucher de soleil de plus sur terre, avec toute la nostalgie qu’il transporte avec lui.


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