Le coeur garde les souvenirs que la tête oublie parfois

C’est fou. On oublie si vite. J’avais presque oublié cette vue magnifique sur la Jungle de Palenque, j’oublie presque la chance que j’ai eu. Presque. Ce presque c’est la marche qu’on loupe et qui nous fait soulever le cœur parce qu’on a bien cru qu’on allait s’écorcher le visage en bas de l’escalier. Je me suis fait peur en imaginant que je pourrais oublier à quel point tout ça m’avait rendu heureuse. Tout ce que j’y avais appris, tout ce que j’y avais laissé. Mais je me suis rattrapée à la rambarde, en vrai je n'ai pas oublié.


Je n'ai pas oublié l'odeur des épices ni le goût du chili. Je n'ai pas oublié les cris des singes dans les arbres, pas plus que cet espagnol doux et dansant parlé dans les rues. Je n'ai pas oublié la saveur des plats ni les surprises incessantes. Pour sûr que je ne peux pas oublier les yeux des enfants, leurs grands yeux noirs remplis de sourires et d'espoirs, pas plus que leurs rires qui m'a tant fait pleurer. De joie, de peine, d'empathie, d'admiration, d'amour, d'impuissance, de bonheur. Comment oublier le rire des enfants?


C’est très mielleux de dire ça, ça sent le réchauffé, mais le Mexique m’a changé. Profondément. Comme peu d'expériences m'avaient changées avant.

Il m’a appris à prendre le temps et surtout à accepter de le prendre.

Lâche prise, tu vivras ce que tu dois vivre, ce que tu ne vis pas n'étais pas pour toi. Profite de ce qu'on te donne à l'instant où tu l'as, tu ne sais pas de quoi sera fait demain.

Voilà ce que m'a murmuré le Mexique. Voilà ce que j'en retiens. La vie dans l'urgence est une vie pour les gens pressés de mourir. Il faut prendre le temps pour vivre deux fois plus intensément chaque chose plutôt que de se dépêcher de ne rien vivre mille fois.


Le Mexique m’a aussi aidé à tourner des pages de ma vie, à dire stop, à dire que ça suffit de se laisser souffrir. La vie a trop à nous offrir pour continuer à m’encombrer les bras de vieux boulets, j’ai besoin d’avoir les mains libres pour saisir au vol les beaux moments qui s’invitent.


Je me suis fait une frayeur, j’ai cru que je pouvais oublier. Je réalise finalement qu’on n'oublie jamais ce qui nous a rempli le cœur à nous en faire déborder les yeux.

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