King Kong Théorie - Virginie Despentes

 
Virginie Despentes y aborde les sujets tabous : viol, prostitution, pornographie, et pointé du doigt ce qui fâche : le corps des femmes est sans arrêt soumis à contrainte, les femmes sont inlassablement invitées à ne froisser personne et à ne pas faire de vague. Surtout, une femme ne doit pas emprunter les attributs désignés comme étant l’apanage de la virilité.
 
Pourquoi une femme qui se fait violer doit nécessairement abandonner tout comportement jugé risqué sous peine de se faire accuser de ne pas avoir tiré les leçons de son agression ? Voire d’avoir aimé ça ? Pourquoi a-t-on décidé qu’une femme qui se prostitue, même si personne ne l’a contrainte à le faire, doit être protégée ? Pourquoi décide-t-on sans arrêt de ce qui est digne ou non à la place des principales concernées ? Pourquoi les hardeuses ne bénéficient d’aucun droit à la reconversion ?
 
Les femmes devraient rester à leur place ou accepter d’être exclues de leur droit au respect et à la dignité. Les femmes ne devraient se taire, rester courtoises et écouter gentiment ce que les hommes ont à dire d’elles. Ne pas faire trop de bruit, ne pas être agressives, ne pas mordre quand on les attaque. Ne pas aimer le sexe, ne pas se masturber. La sexualité de la femme devrait encore et toujours être liée aux hommes, ne devrait pas avoir d’existence sans eux. Même lorsqu'une femme baise sa meuf, ça se fait sous le contrôle masculin, la sexualité lesbienne n'est tolérée que parce qu'elle sert au fantasme des hommes.
 
Demander le droit d’être là où l’on est, voilà ce qu’on attend des femmes.
 
Cet essai sur le féminisme a été écrit en 2006, qu’il soit encore si actuel plus de 10 ans après dit une chose importante : nous ne sommes pas encore suffisamment bruyantes.
 
"Le féminisme est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing, pas une vague promotion de la fellation ou de l'échangisme, il n'est pas seulement question d'améliorer les salaires d'appoint. Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s'agit pas d'opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l'air."

(King Kong Théorie, Virginie Despentes)
 

Commentaires

  1. Dix années avant #MeToo Despentes était là... L'un des incipits les plus chiadés de l'histoire de la littérature.

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