Socières, La puissance invaincue des femmes - Mona Chollet

Les chasses aux sorcières ayant principalement eu lieu en Europe au XVIe et XVIIe siècles, restent une abstraction rarement prise au sérieux de nos jours. On met à distance et on conte l’histoire de ces sorcières qu’on brûlait pour les punir de leurs pêchers et de leur sorcellerie maléfique.

La réalité, c’est l’assassinat massif de femmes (dans certains villages à peines quelques femmes survécurent aux accusations). S’amuser de ces assassinats c’est oublier ce qu’ont été les chasses aux sorcières : une volonté redoutable de faire disparaître des femmes qui ne se soumettaient pas suffisamment à la domination des hommes sur elles. Même si des hommes mourront aussi (très souvent car jugés complices de sorcières), ils sont minoritaires et ce sont bien les femmes, leur corps, leur indépendances et leurs connaissances qui sont visées. On les tue pour les soumettre, mais aussi pour désigner la coupable des maux de l’époque, tout en semant la terreur partout, n’importe qui pouvant finalement se trouver accusé de sorcellerie.

Les guérisseuses seront haïes car meilleures que les médecins classiques et au service des plus pauvres, les célibataires et veuves détestées du fait de leur indépendances, les vieilles dames mutilées pour leur sagesse et leur inutilité reproductive et l’on accusera les femmes sans enfants de tous les vices (notamment de les manger évidemment).

Ce sont ces trois types de femmes que Mona Chollet explore dans Sorcière, la puissance invaincue des femmes : la femme indépendante, la femme sans enfant et la femme âgée. Elle donne des modèles aux sorcières modernes, à celles qui se voient mieux tantes que mères, à celles qui se voient sans aucun enfant dans leur vie, à celles qui vieillissent, celles qui s’affirment seules et tracent leur chemin sans avoir à tenir la main d’un homme.
Enfin, notre rapport brutal au corps et à la nature est questionné et mis en perspective avec l’approche plus douce et harmonieuse des sorcières.

Autant vous dire que c’est passionnant et facile à lire, et que je vais de ce pas enfiler une cape, chevaucher un balais et rejoindre mes sœurs pour le Coven.