Comment on fait un bébé ? #16 Dans les yeux des gens




Octobre 2022


Souvent je me plains. De la grossesse, de ses maux, des commentaires déplacés des gens sur mon ventre, sur le sexe de mon enfant (pourquoi le sexe de mon enfant passionne-t-il autant ?), sur ce que les uns et les autres considèrent comme interdit ou pas pendant ma grossesse. Souvent je me plains mais il y a quelque chose de fou dans la grossesse, des instants d’humanité, une attention unique qu’on me porte, une protection qu’on m’offre.

Une collègue avec qui je m’entends bien mais avec qui je n’ai pas de lien très régulier m’a offert une écharpe de portage. Au repas de midi j’étais fatiguée et on s’est inquiété de savoir si ça allait. Souvent on me demande si je dors bien, on m’aide à porter des choses. Parfois on me laisse passer devant dans la file d’attente.


Il y a une grande ambivalence dans tout ça. Parfois les attentions sont très paternalistes, mais aussi parfois elles sont juste profondément humaines. Je vois dans les yeux de certaines personnes qu’il y a plus qu’une glorification de la femme qui rempli le rôle que la société la pousse à remplir à tout prix. Dans les yeux de certaines personnes je vois ce qu’elles regardent, elles regardent la vie, l’avenir, l’étincelle d’espoir que je porte. Elles voient aussi l’humaine que je suis qui en portant la vie devient aussi fragile que puissante. Je porte l’avenir et quelque part cela m'affaiblit. Je porte la vie et par ailleurs cela me fortifie. Je vois ça dans les yeux de ces gens. Je vois qu’ils sont heureux pour moi, heureux pour la vie qui gagne toujours.


Ne nous mentons pas, nous vivons une période difficile. La guerre aux portes de l’Europe, l’écologie, les riches qui se moquent bien de nous et de nos wifi débranchés lorsqu’on part en vacances, la crise économique, la crise de l’énergie,... La période est difficile et pourtant la vie continue. Non. Plus que ça. La vie se crée.

La période est difficile mais l’avenir existe dans chaque bébé qui grandit dans un ventre et chaque premier cri. Aucun avenir ne semble vraiment sombre quand on pense au premier baiser qu’on dépose sur le front de l’enfant qui vient au monde.


Tant qu’il y aura des enfants à naître, des enfants à faire grandir, des enfants en projet,  il y aura de l’espoir. C’est ça que je vois parfois dans les yeux des gens.

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