Comment on fait un bébé ? #19 Que dire de la grossesse ?

Octobre 2022

Qu’est-ce qu’on dit d’une grossesse, de sa grossesse, sans cacher la réalité ni noircir le trait ? Peut-on dire les maux et les joies sans que l’un noie l’autre ?

Être enceinte pour moi, c’est pénible. Pour les maux de dos, les gens qui me demandent “tu sais ce que c’est?”, ceux qui baissent les yeux pour ne pas me laisser la place dans les transports, les commentaires quotidien sur mon corps, pour les fuites urinaires, l’irritabilité, le corps que je ne peux plus bouger comme je veux.

Être enceinte pour moi c’est la joie, celle de devenir mère, de sentir mon bébé, de sentir que je suis à ma place, pour les gens qui révèlent ce qu’il y a de plus humain dans l’humain, pour l’amour de mon mec, pour ce lien plus fort qu’un mariage qu’on décide de partager.

En écrivant ces mots, je sais qu’on va me parler de l’ambivalence, sauf que je ne le ressens pas comme ça. Depuis que je suis enceinte je n’ai encore jamais eu le sentiment d’ambivalence. Il n’y a de chemin fluide et sans anicroche que pour aller dans des lieux fades et sans intérêt. Il ne s’agit pas de scander “no pain, no gain”, mais plutôt de dire que c’est la complexité des choses qui en font leur intérêt. C’est parce que le ciel nous semble nébuleux qu’on l'observe depuis la nuit des temps et qu’on théorise sur tout ce qu’il pourrait abriter.

Je ne ressens pas d’ambivalence, j’ai plutôt le sentiment de prendre un chemin qui n’avait pas encore été défriché, un chemin sinueux mais beau, un chemin sur lequel je suis confiante car je sais où je vais et pourquoi.

Ce que j’ai envie de dire de la grossesse c’est qu’elle n’est ni le paradis, ni l’enfer, qu’elle peut parfois être un peu des deux. Parfois, c’est parce que c’est doux et piquant que le met est si savoureux.