Comment on fait un bébé ? #24 Vague d’amour

Novembre 2022

Aujourd’hui c’était la dernière échographie, mais aussi la première fois que j’appréhendais vraiment. Pourtant bébé bougeait, pourtant quelque part je savais qu’il allait bien. Mais peut-être que le temps avançant, les choses deviennent plus concrètes, ce que j’ai à perdre le devient aussi.

Peut-être aussi est-ce lié au fait que j’ai eu le covid la semaine dernière, que je suis épuisée en permanence et que je suis essoufflée tout le temps, même là, assise à mon bureau pour taper ces mots.

En tous cas, hier soir la petite chanson trottait dans ma tête “imagine que la gynéco te dise que quelque chose ne va pas, imagine que ton bébé a fait un AVC”. Je n’ai aucune idée de pourquoi l’AVC, pourquoi ça n’irait pas, pourquoi mon doux bébé me mentirai quand il me dit que tout va bien. Mais quoi qu’il en soit la chanson était là, j’ai rêvé de l’examen de ce matin et j’ai mal dormi.

Pourtant tout va bien, mon enfant est là, tête en bas, il donne des coups dans mes côtés, bois bien son liquide amniotique. Mon bébé est là, son cœur bat en moi pendant que le mien bat pour lui.

On parle souvent du torrent d’amour à la naissance, mais je n’ai que peu entendu parlé de celui qu’on ressent pendant la grossesse. Cet enfant aujourd’hui est tout mon monde, ma fleur dans l’hiver, mon soleil au printemps. Je n’imagine plus rien sans lui, ses petits doigts fin, ses plis du cou, et l’odeur de ses cheveux, mon dieu cette odeur je l’aime tant sans jamais l’avoir sentie.

L’amour que je ressens pour cet enfant se passe de mots. L’amour que je ressens pour cet enfant c’est la vague d’émotion qui me submerge chaque fois que je pense à lui, c’est le plaisir que je prends à étendre le linge qui bientôt le tiendra au chaud, c’est cette certitude qui ne m’a pas lâché depuis le début de cette grossesse : je suis exactement là où je dois être, j’abrite l’enfant que j’ai toujours désiré. Pas d’autre enfant pour faire de moi une mère, pas d’autre moment ni d’autre lieu. Je ne sais pas si c’était écrit, quoi qu’il en soit c’est une évidence.