Le cliquetis de la vie #2 Les histoires de clés ne servent pas qu'à ouvrir des portes.

Nous sommes le dimanche 14 décembre 2018, je dois écrire pour le blog un nouvel article de la série "le cliquetis de la vie" pour dimanche prochain mais je n'ai pas d'idées. J'y pense depuis plusieurs jours mais rien de très concluant ne vient. J'espère que quelque chose d'inspirant va se passer cette semaine...

Parfois la vie c'est comme ça, il suffit de demander et elle te trouve une aventure à écrire...

Nous sommes donc dimanche soir, il est environ 19h. J'ai passé la journée à faire des cartons, du rangement et à descendre et remonter les étages de mon immeuble pour aller jeter ce dont je me débarasse... Il est 19h et je suis en train de remonter pour la dernière fois de la journée, je m'imagine déjà avec une tisane et la fin de mon Harry Potter. L'ascenseur arrive et ma maladresse donne un nouveau virage à ma soirée : les clés de mon appartement m'échappent des mains, tombent sur le sol de l'ascenseur puis glissent dans l'espace ouvert pour aller se loger en dessous. Un "Ohh NON !" aussi inutile que désespéré m'échappe. Je regarde, les clés sont en dessous de l'ascenseur... peut-être que je peux essayer d'aller les repêcher si je trouve un outil crochu...

Le problème c'est que les clés sont sous l'ascenseur, l'appartement est fermé tout ce qui aurait pu m'aider à extirper les clés est donc inaccessible. En quelques instants mon plan tisane bouquin tombe à l'eau et je m'imagine déjà la galère qui m'attend. J'ai un peu envie de pleurer, j'ai toujours un peu envie de pleurer quand j'ai pas de solution à ce genre de problème. Je me reprends, j'ai une voisine de palier que je connais peu mais qui est toujours très souriante quand je la croise, je décide d'aller lui demander si elle n'a pas quelque chose qui pourrait faire office de canne à pêche. Je sonne.

- Bonjour, j'ai fait tomber mes clés dans l'interstice de l'escalier, est-ce que vous auriez quelque chose, comme un crochet pour essayer de les rattraper s'il-vous-plait?

- Oh... oui oui attendez mais qu'est ce qu'on peut trouver... entrez entrez ! Je ne sais pas ce qu'on peut trouver mais on va regarder.

Elle me donne un premier élément en plastique qui, après essai est trop court. J'essaye de le coupler avec un cintre qui tombe avec les clés.

La voisine descend voir si je m'en sors, elle est compatissante et douce, elle me demande :

- Vous avez un double des clés quelque part?

- Oui, chez une amie mais elle n'est pas là ce soir...

- Vos parents sont loin?

- Oui...

- Bon ne vous inquiétez pas, si l'assistance ne vient pas ce soir vous dormez à la maison. Je ne vais pas vous laisser dehors quand même.

S'en est suivi une heure durant laquelle Joëlle, mon adorable voisine m'a accueilli chez elle comme une amie. Elle m'a proposé de boire, de manger, elle a commencé à cuisiner pour moi car "à votre âge on a besoin de bien manger". 

Mais elle a fait bien plus que ça, elle m'a ouvert la porte de chez elle et a partagé avec moi ce moment. Assise dans son salon je l'ai écouté parler de ses petits enfants, elle m'a répété, pour me rassurer, que de toute façon j'aurai dormi chez elle, qu'elle avait un petit matelas et que ça n'aurait pas été gênant, parce que "quand même, vous pourriez être ma fille !". J'ai aimé ce moment avec cette dame que je ne connaissais presque pas, j'ai aimé l'écouter me raconter qui elle est, j'ai adoré percevoir, entre deux mots, son humanité et son amour des gens. J'ai été accueillie l'espace d'un instant dans la maison d'une personne qui ouvre les bras, qui donne aux autres et qui les aime sincèrement. Une personne pleine d'amour à partager. Je ne la dérangeais pas, je le sais. Pas seulement parce qu'elle me l'a dit, mais parce qu'elle me l'a montré. Elle m'a accueillie comme elle aurait accueilli une amie, les bras grands ouverts.

Lorsque mes clés ont été récupérées par le service d'assistance de l'ascenseur, je suis retournée frapper à sa porte pour la remercier avant de rentrer chez moi, elle m'a dit "bon, je vous embrasse !".

Je cherchais une histoire à raconter, il a fallu que je perde des clés pour que la porte d'une nouvelle histoire s'ouvre. C'est joli la vie, n'est-ce pas?