239 656 pas - On risque de pleurer un peu si on s’est laissé apprivoiser - Vietnam

J’aurai voulu que ça ne s’arrête pas. Pas maintenant. Je crois que j’aimerai que ça ne s’arrête jamais, que chaque jour ressemble à quelque chose comme ça. Il parait qu’il faut quand même avoir un encrage. Peut-être. On verra ça.

Ce matin sur le grab bike qui se perdait dans HCMC j’ai eu envie de pleurer. Parce que ça n’a pas été aussi facile qu’au Mexique ici. Je n’ai pas été transportée dès mon arrivée et j’ai dû donner beaucoup de moi pour trouver mes marques. 



La zone de confort a été dépassée de 10 000 km, littéralement. La nourriture n’est pas celle dont j’ai l’habitude, l’attitude des gens est loin de tout ce que je connais, la langue m’est totalement étrangère. Pourtant j’ai fini par m’y faire.


Je me suis laissée apprivoisée une fois de plus. Ce soir, j’ai dit au revoir au chef cuisto de l’hôtel où je suis, c’est un vietnamien qui parle anglais, français, espagnol. Il aide tout le monde, donne de bons conseils et fait des plats à se damner. Quand je lui ai dit « je te dis au revoir parce que je ne sais pas si on se reverra avant mon départ » il m’a dit « ohhh laisse moi te serrer dans mes bras, merci pour tout ». Tout quoi, je ne sais pas. Je n’ai rien fait à par boire des bières et manger des plats sur son rooftop. Mais je n’ai pas demandé.

Je crois qu’en voyage on se remercie tous un peu d’être des humains qui donnent envie de croire que le monde est beau.

Après m’avoir enlacé, de cette manière qui sert à dire au revoir pour les voyageurs du monde, il m’a dit « j’espère te revoir, si tu vas à Québec cherche le restaurant Le-An, c’est chez moi » / « moi aussi j’espère te revoir ». C’est dur de dire ça quand on sait que les chances sont infimes, que je ne reviendrais peut-être plus jamais à Saigon et qu’il ne sera peut-être plus dans cet hostel si un jour c’est le cas. Pourtant c’est sincère.

Jusqu’au bout rien n’a été simple et j’ai cherché mes marques, jusqu’au bout je me suis demandée si j’allais pleurer en partant. Je ne me sentais pas aussi attachée que je l’aurai aimé à ce pays.

Je me trompais. Comme souvent.

Parce qu’il y a eu plus de difficultés j’ai moins vu les liens qui se tissaient doucement et se renforçaient peu à peu. Pourtant ils étaient là. Ce soir je pleure un peu, parce que je me suis laissée apprivoisée sans m’en rendre compte. Cela fait seulement trois ou quatre jours que je prends conscience de ça, sûrement parce que je me détends, que je me relâche, que je me laisse guider par le flot des motos et le bruit des Klaxons et que j’accueille tout ce que je reçois sans me poser de questions.


J’ai rencontré, une fois de plus, des gens merveilleux, un pays fabuleux et, une fois encore, je me rends compte que c’est avec moi que j’avais rendez-vous. Je suis ma seule maison, celle avec laquelle je devrais composer toute ma vie, celle qui me transporte, celle dans laquelle je dois trouver les ressources pour avancer, un refuge pour me reposer et la force de faire toujours un pas au-delà du périmètre que je maîtrise.


239 656. C’est le nombre de pas hors de ma zone de confort ces derniers 22 jours.

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