Ce qu'ils disent ou rien - Annie Ernaux

Quatrième Annie Ernaux que je lis et comme les fois précédente j’accroche, je bute, je trébuche.
La narratrice, c’est Anne et pour celles et ceux qui connaissent l’œuvre d’Ernaux : l’autobiographie y a une place importante, mêlée ou non à de la fiction, Annie Ernaux met beaucoup d’elle dans ses livres.

On y retrouve les thématiques qui étaient très présentes dans mes précédentes lectures de l’autrice : l’adolescence, le désir, le plaisir, le sexe, la honte des parents, la honte qu’ils ne soient "que" ouvrier, qu’ils ne comprennent rien, surtout pas elle.

Encore une fois c’est fabuleux, c’est moderne alors qu’elle l’a écrit en 1976, et il y a cet esprit très féministe que j’adore. Ernaux parle ouvertement des désirs et de la sexualité d’une adolescente de 15/16 ans, mais aussi du comportement des mecs, qui la voient en objet sans imaginer un instant qu’elle aussi se sert d’eux pour assouvir ses désirs. Ces garçons qui font régulièrement fi du consentement d’Anne. Ce qu’elle ne nomme pas, mais qui aujourd’hui résonne fort en moi.

Le livre est imprégné de cette différence latente entre les adolescents et les adolescentes. Annie Ernaux, c’est chaque fois puissant, surtout quand on est une femme, qu’on a ressenti et vécu les mêmes injustices, qu’on voudrait parler de désir aussi librement qu’elle. Alors merci Annie, en 2020 ces mots sont toujours vrais et ça fait du bien de les lire.